Licenciement nul : définition et conséquences
Selon les situations, un licenciement peut être nul, abusif ou irrégulier. C’est au Juge en cas de contestation du salarié de se prononcer sur la nature de la rupture du contrat et les conséquences qui en découlent. Sachant que le Code du travail, en son article L1232-1, prévoit qu’un licenciement doit être fondé sur une cause réelle et sérieuse sous peine d’être remis en cause.
I - Quand un licenciement est réputé nul ?
A - Quelles sont les causes de nullité d’un licenciement prévues par la loi ?
1 - Un licenciement discriminatoire : âge, genre, origines…
L’article L1235-3-1 du Code du travail prévoit les cas de nullité qui présente un caractère illicite du licenciement. Comme ceux fondés sur une raison discriminatoire en application des dispositions de larticle L1132-1 c.trav., à savoir : l’âge, le genre, les origines, la situation de famille, l’état de grossesse, les opinions politiques, son patronyme, son apparence physique…
2 - Le salarié licencié est victime ou témoin de harcèlement moral ou sexuel au travail
Les dispositions des articles 1152-1 et suivants du c. du travail prévoient qu’aucun salarié ne doit faire l’objet de harcèlement moral au travail, ainsi que de harcèlement sexuel (confère l’article L1235-3-1). L’art. L1132-3 précise par ailleurs qu’il ne peut être licencié pour avoir témoigné conformément à de tels agissements.
3 - Salariés protégés ou assimilés
La loi prévoit plusieurs cas de protection, entre autres les dispositions figurant aux articles L2411-1, L2412-1, L1225-35, L1225-1.
Ainsi, les salariés protégés tels :
- Les représentants du personnel, comme les délégués syndicaux ;
- Les représentants des salariés : ils ont pour mission de vérifier le relevé de créances nées des différents contrats de travail ;
- Les défenseurs syndicaux : ils interviennent pour assister, représenter un salarié devant le conseil de prud’hommes en cas de contestation sur ses créances, ou au cours d’une procédure ;
- Les femmes enceintes ;
- Les employés malades ou accidentés, confère l’article L1132-1 c. du travail ;
- Les collaborateurs bénéficiant du congé paternité comme la loi le prévoit, conjoint ou concubin lié par un PACS…
À NOTER : le salarié protégé qui a été licencié sans que l’inspecteur du travail ne l’est autorisé, peut se faire indemniser. Le montant de cette indemnisation spécifique est équivalente aux salaires qu’il aurait dû percevoir entre son licenciement et la date de fin de son statut protecteur (30 mois maximum).
4 - Licenciement économique sans PSE
Selon les articles L1233-61 et L1233-24-1 à L1233-24-3 du Code du travail, un plan de sauvegarde de l’emploi (ou PSE) doit être établi dans les entreprises de plus de 50 employés. C’est obligatoire, lorsque ce projet de licenciement concerne a minima 10 collaborateurs sur une même période de 30 jours.
B - Quelles sont les causes violant une liberté fondamentale du collaborateur ?
1 - Liberté d’expression au travail
Cette raison est nulle, quand bien même l’employeur énoncerait en appui d’autres motifs (Cass.soc.29.06.22, n° du pourvoi 20-16.060).
2 - Liberté syndicale
La Cour de cassation, aux termes du préambule de la constitution du 27 octobre 1946 : que chacun est libre d’adhérer au syndicat de son choix et de défendre ses droits et intérêts par l’action syndicale, considère que le licenciement d’un salarié intervenu en raison de son action syndicale donnait droit à réparation de la part de son employeur (Cour de cass. 3 janv. 1958, Pourvoi n° 58-05.115).
3 - Droit de retrait du salarié
La loi (article L4131-1 C. du travail) autorise le salarié à exercer son droit de retrait s’il estime une situation dangereuse pour sa vie, son état de santé, en alertant immédiatement son employeur afin qu’il prenne les mesures utiles pour corriger cet état de fait. Il ne peut être licencié pour avoir fait usage de son droit de retrait.
4 - Droit de grève
L’article L2511-1 du c. du travail précise que faire usage du droit de grève ne peut justifier la rupture du contrat de travail. Si l’employeur passe outre, en l’absence de faute lourde, il s’expose à un licenciement nul.
5- Le droit de pouvoir témoigner en justice
L’article 10 du Code civil précise que tout le monde peut apporter son concours à la justice, le témoignage en fait partie. Un licenciement intervenu en violation de cet article est nul comme le rappelle la Cour de cassation dans un arrêt en date du 18 mai 2022, pourvoi n° 20-14.783. Il ne saurait être reproché aux employés témoins de harcèlement moral ou sexuel de témoigner en défaveur de son employeur, quand bien même son témoignage est de nature à porter préjudice à ce dernier.
6 – Le droit de pouvoir agir en justice
Selon l’article 30 du Code de procédure civile, l’auteur d’une prétention a le droit d’être entendu en justice et bénéficie d’une action à ce titre. Il peut se prévaloir de ce droit. De plus, l’alinéa 1 du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 en appui de l’article 16 de la DDHC du 26 août 1789 considèrent le pouvoir d’ester en justice comme une liberté fondamentale. Un licenciement basé sur une telle raison est donc nul.
C - Licenciement nul ou abusif : quelles différences ?
Un licenciement nul est fondé sur un motif prohibé par la loi comme la violation d’une liberté fondamentale ou en méconnaissance de règles particulières établies par la loi. Le motif de licenciement est donc illégal ou illicite.
Quant au licenciement abusif ou injustifié, il n’est fondé sur aucune cause réelle et sérieuse. Ainsi, la cause invoquée n’est pas valable et peut être rejeté par les juges.
D - Licenciement nul ou irrégulier : quelles différences ?
Le licenciement nul est aussi un licenciement sans cause réelle et sérieuse. Il donne droit à la réintégration du salarié dans l’entreprise. Quant au licenciement irrégulier, la cause invoquée est valable, c’est la procédure suivie de licenciement qui n’a pas été respectée. Cette rupture de contrat n’est pas de nature à être remise en question en présence d’une cause réelle et sérieuse de licenciement.
III - Quelles sont les conséquences de la nullité d’un licenciement ?
A - La réintégration du salarié dans l’entreprise
1 - Les conditions de réintégration de l’employé
La réintégration du salarié licencié intervient sous 3 conditions :
- En cas de licenciement nul ;
- Le salarié doit demander sa réintégration au sein de l’entreprise ;
- Ne pas être en présence d’une impossibilité matérielle de réintégration (exemple : fermeture de l’établissement…).
À noter qu’un salarié uni par un contrat de travail à un nouvel employeur, n’est pas une raison légitime pour l’ancien employeur d’empêcher sa réintégration en présence d’un licenciement nul. L’employé est en droit malgré tout de demander sa réintégration quand bien même il travaillerait dans une autre entreprise. (Cour de cass. 10 févr. 2021, pourvoi n° 19-20397, publié au bulletin).
2 - Sous quel délai le salarié doit-il être réintégré ?
Suivant la décision d’annulation du Juge s’agissant du licenciement, le salarié a droit d’être réintégré dans l’entreprise sous deux mois.
B - Les rappels de salaire
Le salarié bénéficie des salaires dont il a été privé suivant la période entre la rupture du contrat et sa réintégration.
C - Les indemnités
L’employé a droit à des indemnités de congés payés et s’il refuse sa réintégration, il touche ses indemnités de fin de contrat (indemnité légale, conventionnelle ou contractuelle de licenciement, indemnités compensatrice de préavis, indemnité compensatrice de congés payés). De plus, l’indemnité à la charge de l’employeur n’obéit pas aux règles du barème Macron. Il s’agit d’une exception prévue par le Code du travail en son article L1235-3-1. Ainsi, quels que soient son ancienneté et l’effectif de l’entreprise, le collaborateur a droit à une indemnisation réparant l’intégralité du préjudice résultant du caractère illicite du licenciement qui doit être au moins supérieure à 6 mois de salaire.
Démarrez la procédure
- La procédure de saisine des Prud'hommes
- Harcèlement moral au travail
- Le licenciement
- La rupture conventionnelle du contrat de travail
- Le maçon
- Les indemnités de rupture du contrat de travail
- Salaires impayés
- Contestation d'une sanction
- Discrimination professionnelle
- Plafonnement des indemnités de licenciement abusif
- Congés payés
- Harcèlement
- Bulletins de Paie : les Mentions Obligatoires
- Le Solde de tout compte
- L’Inaptitude du Salarié
- Qui sont les salariés protégés ?
- Changement des Conditions de Travail et Modification du Contrat de Travail
- Les Organismes à connaître
- La vie privée et personnelle du salarié
- Retrogradation
- Zoom sur les procédures collectives
- Obligation de sécurité de l’employeur
- Fonction Publique : Le Tribunal Compétent
- Le certificat de travail : les mentions obligatoires
- Prise d’acte de la rupture du contrat et résiliation judiciaire
- Le travail dissimulé
- La clause de non-concurrence
- La période d'essai
- Le travail temporaire (l'intérim)
- Les chauffeurs Uber et le droit du travail
- L’assistant(e) maternel(le)
- Mon employeur ne me donne pas de travail
- Promesse d'embauche non tenue : comment réclamer une indemnité ?
- L'Audience de conciliation prud'homale
- Licenciement pour faute grave
- Calcul de l'indemnité de congés payés
- Le Conseil de prud'hommes : définition, structure et saisine
- Licenciement pour cause réelle et sérieuse
- Stage en entreprise : ce qu'il faut savoir
- Le mi-temps thérapeutique
- Loi Travail : ce que les réformes vont changer
- Congés payés non pris
- Loi Macron : la réforme du Code du travail
- Abandon de poste
- Congé parental d'éducation
- Le renouvellement de CDD
- La clause d'exclusivité
- Chômage après démission : est-ce possible ?
- Le congé pour mariage ou PACS
- Le serveur : Convention collective HCR
- L'agent de sécurité
- Le congé pour naissance
- La prime d'ancienneté
- Licenciement pour inaptitude
- Aide juridique aux assistantes maternelles
- Le télétravail
- L'avantage en nature
- Le temps de pause
- Le véhicule de fonction
- La convention collective
- Le véhicule de service : droits et obligations
- Contacter l'inspection du travail
- Le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE)
- La clause de confidentialité du contrat de travail
- Le chauffeur-livreur : convention collective des transports
- Messagerie professionnelle : utilisation et surveillance
- La clause de mobilité du contrat de travail
- La démission : ce qu'il faut savoir
- L’arrêt-maladie : règles et indemnités
- Travailler pendant les vacances : est-ce autorisé ?
- La requalification d'un CDD en CDI
- Les salariés du particulier employeur
- Assedic et indemnités prud'homales en cas de licenciement abusif
- L'avocat du travail
- Heures supplémentaires non payées
- Refus de rupture conventionnelle par l’employeur
- Aide juridique aux personnels de restauration
- La procédure de licenciement pour motif personnel
- La prime de précarité du CDD
- L'aide à domicile : temps de travail et rémunération
- Contester un licenciement
- Bien se préparer pour une audience devant le Conseil de Prud'hommes
- Rupture anticipée d'un CDD
- L'accord transactionnel lors d'une rupture de contrat
- Le droit de retrait du salarié
- L'accident du travail : modalités et indemnisation
- Le licenciement disciplinaire
- Le CESU - Chèque Emploi Service Universel
- La mise à pied
- L'accident de trajet
- Trop-perçu de salaire
- Le licenciement d’un salarié protégé
- Le contrat d'apprentissage
- La liberté d'expression au travail
- Le vendeur / la vendeuse
- Humiliation au travail et discrédit d'un salarié
- Refus de congés par l'employeur
- Délit de marchandage
- Prime non versée par l'employeur
- Les heures complémentaires
- L'astreinte dans le droit du travail
- Bien se préparer à l'audience de conciliation
- Point sur les jours fériés en entreprise
- Le congé maternité : formalités, durée, indemnisation...
- Infirmier ou infirmière en clinique privée
- Le congé pathologique (prénatal et postnatal)
- Licenciement pour insuffisance professionnelle
- Le prélèvement de l'impôt à la source
- Le remboursement des frais professionnels
- Les conventions collectives du cuisinier
- Visite médicale d'embauche
- Litiges liés au métier de chauffeur routier ou de livreur
- Jours ouvrables, jours ouvrés, jours chômés : on fait le point
- Le salaire minimum
- Les représentants du personnel
- Tout savoir sur le congé sans solde
- Donner sa démission : quelles sont les règles à respecter ?
- Prudhomme : définition, étymologie, histoire.
- Mise en demeure de son employeur
- Démission : peut-on se rétracter ?
- CDD Tremplin : une aide à l'embauche des salariés handicapés
- Audience aux prud’hommes : par qui peut-on être représenté ?
- Requalification de mon contrat de travail : dans quels cas la réclamer ?
- Arrêt maladie : pendant combien de temps peut-on toucher des indemnités journalières ?
- Le rappel de salaire : définition et procédure
- Sanction disciplinaire : conditions et motifs
- Le contrat de travail : définition et formes
- Maladie professionnelle : définition juridique et droits du salarié
- Médecine du travail : quel est son rôle ?
- Contrat de sécurisation professionnelle
- Contrat de professionnalisation
- Contrat d'apprentissage : quels recours en cas de rupture abusive
- Rupture d’un contrat de professionnalisation : règles et procédure
- Indemnités journalières : Pendant combien de temps peut-on les toucher ?
- Droits du salarié : Définitions et principaux litiges
- Prime Macron
- CPF de transition
- Congés payés imposés
- Epuisement professionnel
- Indemnité de licenciement pour inaptitude
- Délai de carence entre deux CDD
- Indemnités maladie professionnelle
- Reclassement professionnel
- Délai de prévenance période d'essai
- 13eme mois
- Forfait jour
- Visite médicale de reprise
- Cumul emploi-retraite : principes et conditions
- Dispense de préavis : dans quels cadres ?
- Acompte sur salaire
- Reprise anticipée avant la fin d'un arrêt maladie
- Avance sur salaire : quelles différences avec l’acompte sur salaire ?
- Obligation vaccinale contre la COVID : quels salariés sont concernés ?
- Période d’essai d’un CDD : durée et procédure de rupture
- Suspension du contrat de travail
- Rappel à l'ordre
- Licenciement vexatoire
- Licenciement sans cause réelle et sérieuse
- Licenciement irrégulier
- Licenciement non disciplinaire
- Résiliation judiciaire
- Inégalités salariales hommes femmes
- Diffamation au travail
- mon patron me met la pression pour que je démissionne